Protection du français : une nécessité!


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La scène semble surréaliste : une centaine d’anglophones manifestant devant les bureaux de la première ministre pour la survie de l’anglais au Québec. Cette manifestation avait pour but de dénoncer le projet de loi 14 qu’ils jugent discriminatoire pour leur communauté et qu’ils disent porter atteinte à la pérennité de l’anglais au Québec.

Très vite, des critiques virulentes, sur les réseaux sociaux notamment, accusaient cette communauté de se fourvoyer, de se victimiser,  voire de délirer totalement. Pour les critiques, l’anglais n’a rien à craindre dans cette Amérique du Nord où les anglophones se trouvent en écrasante majorité. C’est un fait, mais leurs revendications ne sont pas irrationnelles pour autant.

Ces Québécois d’expression anglaise ne sauraient s’identifier aux Américains ou aux Canadiens  simplement par cette attache linguistique qui les relie à eux. Malgré cette différence essentielle qui les distingue des autres citoyens – la langue -, ils restent tout de même Québécois. Personne ne peut leur nier le fait qu’ils possèdent bel et bien cette identité.

Là où le bât blesse, c’est lorsqu’il est question de la place que devrait occuper l’anglais dans la Belle Province. Il est impossible de faire des concessions en ce qui a trait à la prédominance du français. L’attrait que constitue le fait de basculer d’une saine cohabitation de ces deux langues vers l’unilinguisme anglais est beaucoup trop grand pour qu’on puisse envisager cette voie.  Tant notre position géographique que les marchés internationaux, qui ont l’anglais pour langue de communication, légitiment cette transition qui spolierait le Québec de sa singularité linguistique.

Il est vrai que de nombreux articles de ce projet de loi peuvent paraître iniques et confinant les anglophones à une sous-catégorie de citoyens. Comme celui réformant l’accès aux cégeps anglophones pour les francophones ou celui obligeant les municipalités ayant moins de 50% d’anglophones à renoncer à leur statut bilingue. Pourtant, il n’en est rien. Ceux-ci, bien que loin d’être parfaits, ne proscrivent pas l’accès à l’anglais, ils ne font que le restreindre. C’est le mal nécessaire auquel on doit s’astreindre si l’on espère assurer la préséance de la langue de Molière.

La place du français n’a fait que s’étioler au cours des 30 dernières années, malgré la loi 101 qui se veut contraignante. Selon Statistiques Canada, entre 2006 et 2011 seulement, il a subi un recul de plus de 0,5%. D’un point de vue pragmatique et dans la perception commune des gens, l’anglais se veut une panacée dans le ce sens où il permet d’ouvrir toutes les portes. Pourquoi donc, voudrais-je allier deux langues lorsqu’une seule me permet de prendre en charge l’ensemble de mes besoins en matière de communication?

Il ne s’agit pas là d’utilité, mais de préservation de cette exception langagière qui caractérise le Québec. Même si l’identité québécoise ne se limite pas qu’au seul fait français, il n’en demeure pas moins qu’il en constitue une part importante. Dans un Québec souverain, ce débat deviendrait lettre morte. Mais dans la conjoncture actuelle, toute anglicisation de notre société s’avère dangereuse et assimilatrice. Les dissemblances, qui autrefois légitimaient notre statut de société distincte, s’amenuisent à mesure que l’inexorable avancée de la mondialisation tend à mettre à bas les barrières culturelles, l’identification et le rapport qui existent entre l’individu et sa culture. Si la langue qui constitue le critère identitaire par excellence de la société québécoise disparaît, n’est-ce pas là la marque de l’assimilation et, partant, de la dilution de cette société dans l’ensemble nord-américain?